3LPH002 : séminaire de M2 B


Intitulé : Les théories de l'estime sociale
Enseignant en 2015-2016 : Christian Lazzeri

Descriptif


Dans son livre Les principes de la psychologie (1890), William James notait qu'«aucun sentiment plus terrible ne pourrait être infligé, si une telle chose était possible, que d'être introduit dans une société et rester délibérément et complètement ignoré de tous ses membres. Si personne ne se retournait quand nous entrons dans une pièce, ne répondait quand nous parlons, ni ne prêtait attention à ce que nous faisons, mais si chaque personne que nous rencontrons feignait de ne pas nous voir, se comportait comme si nous n'existions pas, une sorte de rage et de désespoirs impuissants nous envahiraient bientôt, en comparaison desquels la plus cruelle torture corporelle nous semblerait douce».  Il n’est sans doute nul besoin d’insister pour faire admettre qu’il existe peu d’individus susceptibles de se montrer indifférents à la représentation positive ou négative que les autres se font d’eux. Ce constat inaugural ouvre la voie aux théories de l’estime sociale élaborées par les auteurs modernes et contemporains. Ces théories visent à établir en premier lieu l’emprise de l’opinion collective sur les individus qui cherchent à y conformer leur conduite comme le montreront Pascal, Locke, Montesquieu, Hume, Smith et Rousseau, chez les classiques, ainsi que Durkheim et Elias chez les contemporains. En second lieu, tous les auteurs se posent la question de savoir s’il est possible de recourir à l’estime sociale comme moyen de renforcer les valeurs de la morale sociale ou de consolider le pouvoir des institutions. C’est ce qui donne lieu à toute une série de questions sur la possibilité faire naitre une opinion collective, de diriger l’estime sociale qui en découle, de résister à cette opinion (et avec quel pouvoir ?). C’est aussi ce qui donne lui à la production d’un clivage entre les théories qui valorisent son aspect positif comme facteur d’intégration sociale (Durkheim, Elias) et celles qui soutiennent que l’estime sociale peut apparaitre comme un facteur de domination et de contrôle social (Bourdieu, Champagne).

Pour la bibliographie et les modalités de contrôle des connaissances, consultez le livret.
 

Mis à jour le 05 septembre 2015