3LPH702 : Philosophie contemporaine

Enseignant en 2015-2016 : Elie During
Thème du séminaire : Qu'est-ce qui n'existe pas ? Introduction à l'ontologie
Présentiel seul

Descriptif
Dites-moi ce qui n’existe pas, je vous dirai quelle est votre conception de l’être. Telle est la formule qui servira de fil directeur à ce cours, qui est aussi à sa manière une introduction à l’ontologie. À la question : « Qu’est-ce qui n’existe pas ? », on peut imaginer les réponses les plus diverses. À côté des objets douteux ou improbables (les Ovnis, le frère jumeau d’Elvis Presley), des objets fictifs (les licornes, Sherlock Holmes), impossibles ou contradictoires (cercle carré, ensemble de tous les ensembles), il y a le vaste domaine des entités abstraites (le champignon en général, le nombre 3, la loi de la gravitation), des possibles (la victoire de la France à la finale de l’Euro 2012, le monde où cet événement aurait lieu), sans compter les innombrables objets instables, vagues ou fugaces qui constituent la doublure discrète du réel (existences intentionnelles, illusions perceptives, intensités évanouissantes)… La question de l’inexistant ne se confond pas avec celle de l’apparence, distinguée de la réalité. L’inexistant n’est pas non plus le non-être, le néant pur et simple. Se dit-il en plusieurs sens ? Et si en effet il n’est pas rien, peut-on parler d’objets inexistants ? Pour que la question se pose historiquement, il aura fallu que l’existence soit clairement distinguée de l’essence (Avicenne, Saint Thomas, Kant), puis que l’inexistant se constitue par différence avec le non-être ou le néant, mais aussi avec le simple possible (Hegel, Bergson, Deleuze). La critique de l’idée d’objet inexistant, engagée par Kant avec sa critique de l’argument ontologique (l’existence n’est pas un prédicat), confirmée par Russell dans son analyse logique des propositions, conduit à des régimes ontologiques « maigres ». Qu’est-ce qui n’existe pas ? Rien ; tout existe. Ou comme écrit Victor Hugo : « Tout est quelque chose. Rien n’est rien. » (Les Misérables) À l’inverse, et sans aller jusqu’à peupler l’être d’une profusion illimitée d’objets inexistants (Meinong), on peut envisager des ontologies libérales, des ontologies intensives admettant non seulement des modes différenciés d’existence, mais des degrés d’existence et donc d’inexistence. Pour cela, il faut : 1) cesser de penser l’inexistant comme le simple contradictoire de l’existant ; 2) délier l’inexistant de la catégorie d’objet. L’ontologie invite ainsi à parcourir toutes les nuances de l’inexistence, de l’irréel au non-être, de l’improbable à l’impossible, de l’inexistence de fait à l’inexistence de droit, de l’actuel au potentiel. L’enquête débouchera sur un examen de la catégorie du virtuel.

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Mis à jour le 05 septembre 2015