LMPHI372

Intitulé : Philosophie ancienne
Présentiel.
Enseignant : Christelle Veillard
Thème du séminaire en 2013-2014. Les atomistes de l'antiquité
 

Descriptif
On regroupe sous le terme « atomistes » des philosophes admettant que l’univers est constitué de deux principes, les atomes et le vide. Cette catégorie historiographique est postérieure et masque cependant des divergences essentielles. Les premiers atomistes pensent par exemple le couple atome / vide sur le modèle du couple être / non-être : les atomes sont le plein, c’est-à-dire l’être ou le quelque chose ; le vide est le non-être ou le rien. Théorie physique étonnante, qui pose le rien comme principe, contre l’assertion de Parménide selon laquelle le non-être n’existe pas. L’interrogation atomiste, déployée par Leucippe et Démocrite, est d’abord physique et cosmologique : le Tout est perpétuellement en mouvement, et pourtant, il perdure dans des éléments stables, éternels : les atomes. Pour répondre à cette difficulté, les atomistes usent d’une méthode radicalement nouvelle, que l’on pourrait dire « scientifique », au sens où ils s’efforcent d’exclure toute réponse d’ordre théologique ou mythologique : l’univers est régi par le hasard et la nécessité, en l’absence de toute finalité providentielle. Cette théorie physique débouche sur une entreprise systématique de compréhension des phénomènes perceptibles, par la méthode de l’aitiologia ou recherche des causes, mise en place par Démocrite. Cet effort de rationalisation du réel débouche sur un préscepticisme savant : nous n’avons accès qu’à des phénomènes, car la vérité reste « au fond du puits » ; même les qualités sensibles ne sont que des conventions : « convention que le froid, que le chaud, le doux et l’amer ». Dans cet océan de doute, reste une certitude éthique : il est possible d’atteindre malgré tout la tranquillité de l’âme (euthymiê) et de vivre en sage. Ces principes trouveront une interprétation nouvelle – et très différente – chez les atomistes les plus connus, à savoir les épicuriens, au premier chef Épicure, Lucrèce, Diogène d’Oenoanda, Philodème de Gadara.  Épicure est en effet celui qui fait de la sensation le premier critère de vérité, ce qui le conduit à penser une épistémologie aux antipodes du pessimisme épistémologique de Démocrite.
L’objectif du séminaire est de travailler les textes atomistes fondateurs, dans les domaines physique, épistémologique et éthique, et d’en mesurer la postérité. La physique atomiste trouvera par exemple des échos chez Gassendi ou Diderot, l’épicurisme dans les débats ultérieurs sur l’hédonisme, notamment chez Montaigne.

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Mis à jour le 30 juin 2013